Crise du marché automobile 2025 : le secteur des flottes en soins palliatifs ?
Face à la crise du marché automobile 2025, le secteur des flottes est en chute libre. Manque de visibilité, fiscalité instable, guerre, inflation… Analyse d’un marché en souffrance.
🚗 Crise du marché automobile 2025 : un marché en arrêt cardiaque
Le terme peut sembler fort, mais il décrit bien la réalité : la crise du marché automobile 2025 ressemble à une lente agonie, notamment pour le segment stratégique des flottes d’entreprise. Les chiffres sont sans appel : -4,38 % en 2024, et un premier trimestre 2025 encore plus brutal avec -10 % d’immatriculations, soit une chute encore plus sévère que celle du marché global (-8,36 %).
Les causes de cette récession ne sont pas nouvelles : depuis 2020, une succession de crises – pandémie, conflit russo-ukrainien, inflation, ruptures d’approvisionnement et instabilité fiscale – a gravement ébranlé la filière automobile. La filière flotte, qui représente plus de 60 % des ventes de véhicules neufs, est particulièrement exposée.
🧾 Une fiscalité mouvante qui paralyse les décisions
L’un des éléments les plus cités par les professionnels est l’environnement fiscal français, perçu comme instable et dissuasif. Les entreprises, face aux incertitudes, préfèrent différer leurs décisions d’investissement. L’introduction ou la modification régulière de taxes (bonus, malus, taxes à l’immatriculation, TVS, etc.) pousse les gestionnaires de flottes à la prudence.
« Les durées de détention se rallongent fortement », indique Guillaume Maureau, directeur général adjoint commerce France d’Ayvens. De 36 mois auparavant, les entreprises conservent désormais leurs véhicules jusqu’à 48 mois, faute de visibilité suffisante pour renouveler sereinement.
🤝 Les entreprises, clientes longtemps négligées
En sortie de crise COVID, les constructeurs automobiles ont recentré leurs efforts sur les particuliers, délaissant les professionnels. Le but : préserver les marges plutôt que les volumes. Conséquence : des délais de livraison interminables pour les entreprises, des remises revues à la baisse, et une forte hausse des prix.
Ce repositionnement a profondément altéré la relation client dans le segment B2B. Les entreprises ont dû revoir leurs méthodes : allonger les cycles de renouvellement, optimiser les coûts, revoir les gammes et parfois adopter d’autres formes de mobilité.
🚲 Vers une nouvelle mobilité professionnelle
La crise du marché automobile 2025 ne marque pas seulement une chute, elle amorce aussi une transformation. Selon le baromètre de l’Arval Mobility Observatory, 31 % des entreprises utilisent désormais l’autopartage (+6 points par rapport à 2024), 25 % recourent à des applications de réservation de solutions de mobilité, et 18 % intègrent la location ou le partage de vélos dans leurs dispositifs.
Cette diversification des solutions traduit une évolution culturelle. Les entreprises ne voient plus la voiture comme unique levier de mobilité, mais comme une option parmi d’autres, adaptée à des usages précis.
💸 Des loueurs sous le feu des critiques
Du côté des loueurs longue durée, les tensions sont également palpables. La concentration du secteur, avec la création de géants comme Ayvens (fusion ALD-LeasePlan) ou Leasys (Stellantis et Crédit Agricole), a fortement réduit la concurrence. Cela a provoqué une hausse des loyers et une baisse du niveau de service.
Les retours des grands comptes sont sévères. Nicolas Terrien, responsable flotte chez Sanofi, dénonce une dégradation inquiétante : « C’est catastrophique en termes de qualité de service et de suivi. » Beaucoup regrettent un dialogue devenu difficile, notamment à cause d’organisations trop lourdes et centralisées.
🔄 Un changement de paradigme nécessaire
Cette crise du marché automobile 2025 impose un changement de paradigme. Le retour à la croissance ne pourra pas reposer sur les anciens modèles. Les entreprises ont appris à faire autrement. Les gestionnaires de parc exigent désormais plus de flexibilité, de transparence, et de performance. Les constructeurs et loueurs doivent sortir de leur logique de rentabilité court-termiste pour reconstruire la confiance.
Le salut pourrait venir de la capacité du secteur à se réinventer : électrification, digitalisation, mobilité intégrée… Le terrain est prêt pour une nouvelle ère, à condition d’en accepter les règles.